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Comprendre l’Histoire permet une meilleure assimilation du présent…

Au fil du temps, femmes et hommes se sont toujours battus afin d'acquérir de nouveaux droits. Ont toujours manifesté en quête de nouvelles libertés. En France, l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme est une preuve témoignant de tous les efforts qui ont été fournis à leur acquisition. Cet article stipule que « tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

Ces libertés ont néanmoins fait l’objet de nombreuses critiques. La question de leurs limites, ne connaissent jusqu’alors, aucune réponse. Nous avons tous entendu parler, le 16 octobre dernier, de l’assassinat de Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie, qui enseignait à ses élèves la notion de liberté d’expression. Il se trouve que sa mort n’a fait que resurgir des débats qui eux ne prendront sans doute jamais fin et susciter le soulèvement de millions de personnes de confession musulmane à travers le monde. Les membres d’une communauté toute entière se sont sentis offensés, une fois encore par le coup de la caricature. 

Depuis sa création, Charlie Hebdo n’a cessé, ne cesse, et ne cessera jamais ces caricatures aussi provocantes ou drôles, soient-elles. Mais cette fois-ci, ce sont les propos ajoutés par le 8 ème président de la Vème République, Emmanuel Macron, qui font réagir les représentants d’Etats du monde entier. Il avance dans une précédente interview donnée à la chaîne d’informations Al Jazeera le 31 octobre dernier : « Je suis favorable à ce qu'on puisse écrire, penser, dessiner librement dans mon pays. C'est un droit, ce sont nos libertés. Je comprends que ça puisse choquer, je respecte cela, mais il faut en parler. Je ne compte pas amoindrir ce droit parce qu’il en a choqué quelques-uns. Je pense que la solution n’est pas d‘interdire ce droit ni de justifier aucune violence du fait que ça choque.» Cela nous interpelle-t-il réellement qu’Emmanuel Macron tienne ce genre de propos ? N’est-il pas normal qu’il soit le premier à représenter l'égalité en droits de tous les Français ? Il y a quelques mois, il tenait déjà le même discours. À l'occasion des 150 ans de la proclamation de la République par Léon Gambetta, le 4 septembre dernier, une cérémonie a eu lieu au Panthéon. Cérémonie où le chef de l’Etat n’a pas manqué de prendre la parole, et ce afin de préciser sa pensée et de s’exprimer au sujet de la sécurité, l’identité et le séparatisme dans son pays : « C’est la liberté de conscience, et en particulier la laïcité, ce régime unique au monde qui garantit la liberté de croire ou de ne pas croire, mais qui n’est pas séparable d’une liberté d’expression allant jusqu’au droit au blasphème. Être Français, c’est défendre le droit de faire rire, la liberté de railler, de se moquer, de caricaturer.» 

Ses paroles ont néanmoins suscité une ribambelle de réponses. Des appels à manifester et à boycotter les produits français ont été lancés dans plusieurs pays arabes, en représailles au discours tenu par Emmanuel Macron, lors de l’hommage rendu au professeur Samuel Paty. Mais faut-il, en réalité, mêler les relations politiques et commerciales à des quiproquos religieux ? C’est en partie ce que dénonce le ministre des affaires étrangères émirati, Anwar Gargash, dans un entretien paru le lundi 2 novembre dans le quotidien allemand Die Welt, en disant ce qui suit  : « En tant que musulman, je me sens offensé par certaines caricatures, mais en tant que personne réfléchie, je vois les politiques qui sont menées autour de ce sujet. Avec ses attaques contre la France, Erdogan manipule une question religieuse à des fins politiques. Selon lui, le chef de l’Etat turc se servirait de ces événements en France pour accroître son influence.» 

Chaque pays peut en effet restreindre la liberté d’expression selon son régime politique, selon la culture et les valeurs morales et religieuses de la société. Elle peut également juger l’abus de liberté d'expression. En effet, la plupart des pays arabo-musulmans critiquent la « justification » du harcèlement de toute religion basée sur le blasphème au nom de la liberté d’expression. Or, quand bien même il s’agirait d’un blasphème, la justice, dans son jugement du 22 mars 2007, rappelle que le blasphème n’est plus réprimé en France : « Dans une société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions, quelles qu’elles soient. » 

La laïcité garantit la liberté de culte et d’expression et la possibilité de vivre ensemble dans la liberté de conscience. Si tout citoyen peut adhérer librement à la religion de son choix, ou ne pas adhérer d’ailleurs, les autres citoyens n’ont pas à respecter les règles particulières de celle-ci et tout citoyen et média peuvent critiquer ces religions. Ces caricatures doivent-elles entraîner le mécontentement de millions de personnes à travers le monde ? Peut-être que oui, peut-être que non. Doivent-elles en revanche être à l’origine de meurtre ? Aucunement.

Plusieurs actions démesurées peuvent être prises sur le coup de la colère. Antoine Basbous, politologue spécialiste des pays du monde arabe et de l’islam, contacté par La Dépêche, refuse de s’alarmer et pense que le boycott « relève d’une stratégie                      d’intimidation ». Ici, ce n’est pas la première fois que l’Histoire voit les idéaux de pays différer au sujet d’une thématique qui elle est universelle. Comment évoluera cette situation à l’avenir ? S’améliorera-t-elle un jour ?

Par Zineb Bendaoud

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