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L’éloquence, une arme d’instruction massive ?

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De tous temps, il nous a été rappelé que savoir manier les mots était primordial, et que l’éloquence était l’une des qualités nécessaires à l’évolution au sein de la société. Mais qu’est réellement l’éloquence ? Pourrait-elle être un outil de manipulation pour arriver à ses fins ? Et dans quelles mesures a-t-elle un poids prépondérant dans le parcours scolaire des adultes de demain ? 


Naissance de la rhétorique dans les assemblées de l’Antiquité :

À Athènes, au Ve siècle avant notre ère, naît un régime qui nous est aujourd’hui familier : la démocratie. Celle-ci est directe, et repose sur le pouvoir des citoyens, et de leur parole. Ils doivent alors savoir exposer leurs idées de lois et persuader leurs concitoyens de voter pour ces dernières à l’Ecclesia, assemblée du peuple. En réponse à cette évolution, des cours de rhétorique se créent : leurs maîtres promettent de “transmettre” leur éloquence, soit leur talent oratoire. Pour cela, ils enseignent un ensemble de règles se rapportant au discours (sa structure, les figures de style à utiliser, les différents types d’arguments, etc.), appelées règles de rhétorique. Grâce à ces leçons, les citoyens doivent savoir inventer et proférer avec talent de jolis discours persuasifs en toute circonstance.

À ces règles rhétoriques censées rendre éloquentes, Socrate oppose une méthode : la dialectique, qui doit mener à la vérité. Alors que les rhéteurs tirent du prestige à pouvoir réfuter toutes les thèses de leurs adversaires avec la même aisance, Socrate, lui, utilise la réfutation dans un souci d’examen critique des opinions. Si une opinion résiste à ce test critique, alors on peut sans danger l’admettre pour vrai. Sinon, sa réfutation aura permis de se débarrasser d’une fausse croyance et de faire un pas de plus vers la connaissance. L’ensemble de ces réfutations successives forme la méthode dialectique. C’est une méthode de pensée qui a beaucoup marqué la pensée européenne puisqu’on la demande encore dans nos dissertations de philosophie aujourd’hui : d’une partie à l’autre, il faut réfuter ce qu’on a d’abord dit, non pas pour exhiber son talent, mais pour examiner nos opinions, éliminer le faux et parvenir au “vrai”.


Un emploi de l’éloquence à différentes fins : 

Ainsi, depuis l’Antiquité, ces règles rhétorique ont été développées afin de répondre à des objectifs divers, ce qui a permis la classification de l’éloquence en trois catégories. En premier lieu, le genre judiciaire à travers lequel l'orateur présente une accusation appelée réquisitoire ou une défense appelée plaidoyer. Souvent utilisé pour les procès dans les tribunaux, ce genre permet à l’orateur d’exposer ce qui, pour lui, est juste ou injuste. En deuxième lieu, le genre délibératif, souvent utilisé dans le domaine politique, permet à l’orateur de peser le pour et le contre avant de prendre une décision sur l'avenir. En dernier lieu enfin, l’éloquence épidictique dont le but est de faire l’éloge ou le blâme d’un élément donné. Il est ainsi clair que l’usage correct des mots est un tremplin entre de nombreuses disciplines, pouvant être une arme, à utiliser à bon escient. 


L’éloquence dans les nouveaux programmes scolaires, et au LVH

Par conséquent, la prise de conscience du Ministère de l’Education Nationale français de l’importance de l’éloquence donna lieu à la mise en place, dans le cadre de la réforme du bac, de l’épreuve du Grand oral. L’épreuve phare​, qui prévoit 20 minutes de préparation et 20 minutes devant le jury dont 5 minutes sur une question que le candidat aura préparée pendant l’année dans l’une de ses spécialités. Ce grand oral a un coefficient 10 pour la voie générale, et 14 en voie technologique. Selon le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, interrogé dans « 20 Minutes », « affecter un gros coefficient à cette épreuve, c’est envoyer un message à tout le système scolaire sur l’importance de la prise de parole en public ». Le texte à ce sujet publié par le ministère ajoute même «(le grand oral) permet au candidat de montrer sa capacité à prendre la parole en public de façon claire et convaincante.

Également dans l’optique de pratiquer les compétences oratoires, quatre élèves fondèrent en janvier 2021 le club d’éloquence du Lycée Victor Hugo, baptisé LVH S'exprime. “Nous voulions donner l’opportunité aux lycées d’avoir la parole sur des sujets d’actualité dont les enjeux nous importent, en améliorant notre capacité à prendre la parole en public, gérer notre stress, préparer notre sujet etc. Tout ceci, dans l’optique de gagner en préparation pour les différentes épreuves orales du bac, notamment le Grand oral de terminale, mais surtout pour nos parcours post-bac respectifs” affirme Ines K, élève de première et membre du comité fondateur du club. Ce dernier, comptant une vingtaine de membres admis suite à une sélection, a déjà organisé un débat il y a quelques semaines de cela, au sujet de l’avortement. Ainsi, les orateurs ont pu, tour à tour, défendre la position leur ayant été imposée, ce qui a parfois donné lieu à des moments de friction, mais à l’unanimité, l'expérience a été décrite comme “très enrichissante” par tous les participants.

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Membres du club LVH S’exprime participant au débat au sujet de la légalisation de la prostitution au Maroc.

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Chems ZOUDANI

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