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Crise sanitaire, quand la société civile s’organise dans la solidarité

Au Maroc, et comme partout ailleurs, la crise sanitaire a, et continue de causer de nombreux dégâts à tous les niveaux de la société. Toutefois, l’impact de cette dernière a été ressenti plus fortement dans les domaines basés exclusivement sur le contact d’Homme à Homme, et difficilement adaptables aux mesures de sécurité comme la distanciation sociale, tels que le tourisme, représentant près de 11% du PIB marocain. Du fait de ces changements subits, les difficultés quotidiennes de nombreux travailleurs ont été amplifiées, et face à l’incapacité du gouvernement à fournir les subventions nécessaires à tous, il est primordial que la société civile s’organise pour remédier à ses problèmes. 



Un Maroc et une industrie du tourisme fortement fragilisés


La gestion rapide de la crise pandémique, a permis d’atténuer l’impact du Covid-19 sur les vies humaines. Cependant, l’impact de la crise sanitaire sur l’économie demeure très important, comme en témoignent les chiffres dévoilés par l’étude du Haut-Commissariat au plan montrant que 57% des entreprises du tissu économique ont déclaré l’arrêt de leurs activités. Considéré comme accélérateur du développement et réducteur des inégalités au Maroc, le secteur du tourisme a subi les conséquences drastiques de l’évolution de la pandémie, et des mesures prises par les gouvernement afin de ralentir son évolution : fermeture des frontières maritimes et terrestres, suspension des vols de passagers, fermetures des lieux de distraction, etc. Les professionnels, qui ont donc été contraints de suspendre toutes leurs activités, se sont vite trouvés face à des trésoreries déficitaires, incapables d’honorer leurs engagements même ceux de court terme tels que les salaires, échéances bancaires et d’assurance, et bien d’autres.

En effet, ce sont 3.500 entreprises d’hébergement touristique, 500 entreprises de restauration touristique, 1.450 agences de voyages, 1.500 sociétés de transport touristique et 1.500 sociétés de location de voitures qui ont été frappées de plein fouet par cette crise d’après l’Office national marocain du tourisme, qui estime que le secteur pourrait subir des pertes évaluées à 138 milliards de dirhams entre 2020 et 2022.



Des conséquences drastiques sur les travailleurs


Selon les dernières statistiques rendues publiques, datant du mercredi 3 février 2021 par le Haut Commissariat au plan, l’économie nationale a perdu en 2020 plus de 420.000 postes d’emploi. La massification du chômage étant l’un des problèmes majeurs crains par les pouvoirs publics, de 9,2% en 2019, le taux de chômage est officiellement passé à environ 12% en 2020. Toutefois, ce chiffre ne prend en compte que les pertes d’emploi recensées et enregistrées par les entreprises. Si l’on intègre le marché informel, gravement touché particulièrement en période de confinement, qui emploie des millions de Marocains, le taux de chômage avoisinerait sans doute plus de 30%.

Exclus pour la majorité d’entre eux du soutien financier de l’Etat, malgré un bref épisode d’aide organisé dans le cadre du régime Ramed, les travailleurs dans l’informel ont souffert le martyre pendant cette crise sanitaire avec ce que cela a engendré comme conséquences sociales sur leurs familles. Appauvris, sans revenus, marginalisés, une grande partie des travailleurs marocains ont plongé brutalement dans la misère et le dénuement le plus total.



En réponse à cette crise, une organisation de la société civile dans la solidarité - Action des paniers du Coeur


Du fait de l’aggravation de la situation à tous les niveaux et dans tous les domaines, le gouvernement n’est pas en mesure de prendre en charge toutes les “victimes” de la crise sanitaire du pays, et une grande partie d’entre elles n’a d’ailleurs pu bénéficier d’aucunes des aides promulguées aux plus démunis. Ainsi, la seule réponse possible à cette crise, est de faire preuve de solidarité et de nous entraider en tant que citoyens. C’est d’ailleurs dans cette optique que l'opération Les paniers du Cœur, initiée par des élèves du LVH, a pris place à Marrakech en décembre. 

L’idée de départ était simple, récolter des fonds, denrées alimentaires, et jouets afin de les redistribuer à des familles démunies du quartier du Mellah, dont la situation a été encore plus fragilisée suite à la crise sanitaire. Ainsi, après quelques semaines de collecte fructueuse, tous les biens collectés ont été distribués le 15 décembre au centre de formation professionnelle du Mellah, géré par le Lions Club de Marrakech. En effet, en début d’après-midi, les bénéficiaires commencèrent à affluer vers le centre, afin de se voir attribuer des paniers contenant aliments essentiels et produits d’hygiène, ainsi que des masques et flacons de gel hydroalcoolique. 

“C’est extrêmement gratifiant de savoir qu’avec un simple geste, nous avons permis à des dizaines de personnes de  vivre mieux !”

Disait Adam Tamer, élève de première ayant participé à la collecte et distribution de l’opération. 


Une fois la distribution achevée, les élèves ont découvert le centre situé au Mellah, guidés par la présidente de la fondation Lions Club Marrakech. Ce dernier permet à des jeunes de milieux défavorisés de faciliter leur insertion dans le monde du travail en promulguant gracieusement des formations dans différents domaines d’activité comme la coiffure, la pâtisserie ou encore la puériculture. Cette découverte du centre et de ses activités a permis aux élèves de comprendre plus profondément l’importance cruciale de prendre au sérieux notre rôle de citoyen, et contribuer du mieux possible à l’aide de nos concitoyens, sans attendre que vienne des instances supérieures. 


Cette situation est d’ailleurs parfaitement illustrée par cette situation de l’Abbé Pierre :  “C’est quand chacun de nous attend que l’autre commence qu’il ne se passe rien.”



Chems Zoudani

Solidarité Covid: Texte
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