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La complexe histoire du Sahara Marocain

La question du Sahara marocain a toujours été depuis la marche verte une source de tensions entre le royaume marocain et les différents acteurs opérant dans la région. Et est révélateur d’un contexte bien plus complexe qu’une simple volonté indépendantiste, et est un miroir de la guerre froide à la fois au Maghreb comme dans le monde.


Revenons aux origines de ce conflit... Le Sahara marocain est annexé en 1884 par la couronne espagnole. Le territoire est alors indépendant de l’autre protectorat espagnol à Tanger. Un protectorat qui fournira alors en 1936 un nombre considérable d’hommes aux Regulares Marroquis du Général Francisco Franco lors de la guerre civile Espagnol. Dès lors, les autorités espagnoles considèrent le territoire du Sahara comme rattaché culturellement au Maroc, ce qui facilitera certains accords lors de la fameuse marche verte en 1975 organisée par feu sa majesté Hassan 2 et consistant en une marche pacifique dans le sud du pays composée de citoyens provenant des quatres coins du Maroc et ayant pour but, à la façon de Gandhi, de mettre fin à la présence espagnole encore d’actualité malgré l’indépendance du royaume Marocain. Ce véritable coup de poker de feu sa majesté Hassan 2 sera une réussite totale. Aucune perte parmi les deux camps et une série de négociations par la suite rassemblant l’Espagne alors dirigée par un Franco mourant, ainsi que le Maroc et la Mauritanie les deux pays revendiquant l’appartenance du Sahara. Cet accord nommé l’accord de Madrid prévoit le transfert de la souveraineté des deux tiers du territoire (Seguia el-Hamra) au Maroc et le tiers sud restant (Oued Ed-Dahab-Lagouira) à la Mauritanie. Un peuple réuni, un colonisateur repoussé pacifiquement et un Hassan 2 ayant solidifié son pouvoir par ce plan, cela aurait pu être une belle fin en soi mais qui ne fut pas du goût de tout le monde. En effet, cela serait oublier un acteur principal de la région Sahraoui, le Front Polisario… Organisation militaire formée en 1973 par Moustapha Sayed un syndicaliste marocain ayant formé ce mouvement à la base pour lutter contre l’occupation espagnole. Il prendra très vite les armes contre le Maroc et la Mauritanie en 1975 et proclame même la République Arabe Démocratique Sahraoui, revendiquant la naissance d’une nation Sahraoui indépendante de toutes occupations.


On pourrait alors se dire que ce petit mouvement aurait pû être très vite éliminé par l’armée Marocaine, mais c’est sans compté le fait qu’en 1976 Moustapha Sayed décède et est succédé par Mohammed Abdelaziz un chef milicien très populaire du Polisario et qui va faire prendre un virage idéologique très fort au mouvement. Le Front Polisario sera donc imbibé d’une idéologie Pan-Arabe alors maîtresse en Algérie qui deviendra le soutien historique et le rival principal du Maroc, et surtout  en Libye dirigé d’une main de fer par Mouammar Kadhafi qui dans un premier temp fera pression sur la Mauritanie pour qu’elle retire sa légitimité du Sahara laissant alors le Maroc seul contre une véritable coalition englobant L’Algérie, la Libye ainsi que tous les pays sympathisant du bloc-est, voyant le Polisario comme étant un front révolutionnaire contre la “tyrannie” du Maroc. Front qui mène à deux grandes batailles en 1976 la première et la deuxième batailles d’Amgala opposant directement le Front Polisario à l’Armée Marocaine et s’en suivra une série de harcèlement des guérillas sahraoui sur les positions marocaines. Le Maroc a tenté à plusieurs reprises de faire appel à ses alliés de l’Otan mais les pays membres montrent une certaine réticence à s’engager dans ce conflit, dû à la charte de l’ONU garantissant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Néanmoins les choses changeront pour le maroc tout d'abord durant le courant des années 80-90. En effet, en 1988 se rajoutant au rétablissement des relations entre le Maroc et l'Algérie, l'ONU via le MINURSO va émettre l’urgence de trouver un accord entre le Maroc et le Front Polisario, ce qui mènera en 1991 à un cessez le feu entre les deux acteurs. Dès lors, les négociations commencent. L’objectif pour l’ONU est la mise en place d’un référendum d’autodétermination afin de trancher la question sur l’existence ou non de la nation Sahraoui. Référendum qui à aujourd’hui n’a pas encore été réalisé, c’est que les négociations malgré l’apaisement ont étés à maintes reprises des échecs notables. 


Le Front Polisario brisera à plusieurs reprises le cessez-le feu engageant des fusillades aux frontières et sur le mur séparant la zone marocaine de la zone contrôlée par le Polisario. De plus, l’Algérie un des acteurs principaux du conflit se montrera très indécis parfois annonçant le retrait du soutien au Polisario, parfois n’hésitant pas à envoyer des aides financières. Les années 2000 et l’arrivé au pouvoir de sa majesté Mohammed 6 se présentant alors comme un roi voulant tourner la page définitivement du passé et qui sera un élément principal de la résolution du conflit en faveur du Maroc. En effet, le royaume va bénéficier d’un contexte international bien différent et qui va jouer fortement en sa faveur, tout d'abord depuis le printemp arabe et les nombreuses guerres au Moyen orient, le grand bloc Pan-arabe alors soutien inconditionnel du Polisario va fortement s’affaiblir, le dernier soutien réel du Front restera l’Algérie qui au fil du temp tend à baisser de plus en plus les moyens destinés au conflit au Sahara. De plus, si l’on ajoute à cela les divers scandales frappant le Front Polisario à l’échelle nationale avec Mohammed Abdelaziz sur sa fausse origine sahraoui ainsi que Brahim Ghali sur des accusations de viol et de persécutions sur les populations Touareg du Sahara, en plus du fait que le Maroc pose de plus en plus sur la table le fait que les tribus Sahraouis ont toujours historiquement prêtées allégance au sultan marocain et cela bien avant la colonisation française ou espagnole et que ce fût même reconnu par l’ONU en 1975. Le Front Polisario s’affaiblit et le Maroc en profite par une politique diplomatique rodée avec comme élément final la reconnaissance du Sahara Marocain comme étant une appartenance marocaine par les États-Unis de Donald Trump, alors une des premières puissances de l’OTAN ayant soutenu le Maroc, cet accord vise à la mise en place d’une ambassade Américaine et Israélienne à Dakhla appuyant la légitimé du royaume dans la région. De plus, cet accord ne fut aucunement remis en cause par Joe Biden remplaçant alors Donald Trump. Le Maroc semble donc sortir triomphant de ce conflit qui dure depuis plus de 50 ans, bien que la tension reste palpable entre les deux rivaux de toujours, les peuples marocain et algérien souhaitent néanmoins sortir de ce conflit transpirant la guerre froide pour régler avec une plus grande ampleur les questions sociales dans les deux pays.

Mehdi En-Naciri

Sahara: Texte
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